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Difference between revisions of "Patent Absurdity/Français (French)"

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Ces choses sont arrivées, nous avons eu de grands progrès sans brevets.
 
Ces choses sont arrivées, nous avons eu de grands progrès sans brevets.
  
[18:50 - 19:17] Robert Tiller – Red Hat : one of the world's most respected computer scientists Donald Knuth has said that if software patents had been available in the 1960' and 70's when he was doing his work, that is probably the case that computer science wouldn't be where it is today. There would be blockades on innovation that could seriously have prevented the kinds of technical solutions that we take for granted today.
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[18:50 - 19:17] Robert Tiller (Red Hat) : un des scientifiques du monde informatique les plus respectés, Donald Knuth, a dit que si les brevets logiciels avaient été disponibles dans les années 1960 et 70, quand il faisait son travail, il est probable que l'informatique ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui.
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Il y aurait eu des blocus sur l'innovation qui auraient pu sérieusement empêché les types de solutions techniques que nous tenons pour acquis aujourd'hui.
  
[19:17 - 19:28] Moglen : The programmer writing a long program might conceivably need to check whether 500 or a 1000 different techniques of patent apply (?). Then there is no way that she possibly could.  
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[19:17 - 19:28] Moglen: La programmeuse écrivant un long programme aurait éventuellement besoin de vérifier si 500 ou un millier de différentes techniques de brevet s'appliquent.
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Et il n'existe aucun moyen qu'elle puisse réellement le faire.
  
[19:28 - 19:43] Ravicher : The Patent Office issues hundreds of software patents all the time. Every Tuesday, they issue 3500 patents, and a large and a large number of those relate to software. It's just impossible to review all those patents every week, to make sure you're not doing something that could infringe them.
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[19:28 - 19:43] Ravicher: L'office des brevets émet des centaines de brevets logiciels, tout le temps.
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Chaque mardi, ils délivrent 3500 brevets, dont un grand nombre ont trait aux logiciels.
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C'est tout simplement impossible d'examiner tous ces brevets chaque semaine, pour vous assurer que vous ne faites pas quelque chose qui pourrait leur porter atteinte.
  
[19:43 - 20:31] Sandler : So there is a provision in the US patent laws that, basically (19:49 : 2 words not understood (?), I guess, imposes greater liability if they're shown to willfully infringe. So, basically, the idea is that if you knew about a patent and you infringed on it, you should have a stricter penalty than if you didn't know about them. But what this results in is this situation where there is a real disincentive to follow what patents have been made, what new inventions there have been through the patent system. Because, if you read every patent, then – or there's evidence that you have read patents – then you are liable for willful infringement, then you knew about the patent and you infringed it anyway. And the penalty is trebble damages.
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[19:43 - 20:31] Sandler: Donc, il y a une disposition dans la législation sur les brevets des États-Unis qui, fondamentalement, considère que les contrefacteurs de brevets..., je suppose, impose une responsabilité plus grande s'il est montré qu'ils ont volontairement transgressé.
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Donc, en gros, l'idée est que si vous aviez connaissance d'un brevet et vous l'avez enfreint, vous devriez avoir une peine plus strictes que si vous ne le connaissiez pas.
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Mais cela résulte en, cette situation où il y a un effet dissuasif réel à suivre quels brevets ont été déposés, et quelles nouvelles inventions il y a eu à travers le système des brevets.
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Parce que, si vous lisez tous les brevets, alors - ou s'il y a des preuves que vous avez lu les brevets - alors vous êtes responsable d'une violation délibérée, alors vous saviez sur le brevet et vous l'avez enfreint quand même.
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Et la pénalité c'est des dommages-intérêts triples.
  
 
[20:31 - 20:40] Unidentified voice (?): If a member of the (some words not understood (?)) suggested that software shouldn't (some words not understood (?)). Can you comment on that ?
 
[20:31 - 20:40] Unidentified voice (?): If a member of the (some words not understood (?)) suggested that software shouldn't (some words not understood (?)). Can you comment on that ?

Revision as of 05:48, 20 April 2010

[0:02 - 0:06] [Washington D.C., 9 novembre 2009]

[0:09 - 0:15] [Ces personnes font la queue pour écouter les arguments oraux dans la première affaire concernant les brevets logiciels à être portée devant la Cour suprême des États-Unis depuis presque 30 ans.]

[0:14 - 0:16] Journaliste : Messieurs, voulez-vous dire qui vous êtes et épeler vos noms ?

[0:15 - 0:17] Journaliste : vos noms, vos titres et toutes les bonnes choses ?

[0:17 - 0:21] Bilski : Je suis Bernie Bilski, B I L S K I

[0:23 - 0:30] Warsaw : Rand, R A N D, Warsaw, W A R S A W

[0:31 - 0:32] Journaliste : Pourriez-vous nous résumer ce que vous avez inventé ?

[0:33 - 0:36] Warsaw : L'invention est une facture énergétique garantie,

[0:36 - 0:38] qui est comme une facture budgétisée sans ajustement,

[0:39 - 0:42] et c'est une méthode pour couvrir les deux parties dans la transaction.

[0:43 - 0:45] Ainsi, en plus de donner aux consommateurs, consommateurs d'énergie,

[0:46 - 0:49] une facture énergétique garantie, il y a toutes sortes de mécanismes,

[0:50 - 0:52] et les mécanismes impliquent des transactions financières

[0:53 - 0:56] entre la consommation d'énergie ou tout consommateur d'énergie

[0:57 - 0:58] et les fournisseurs d'énergie.

[0:59 - 1:03] [Ces hommes espèrent gagner un brevet sur une méthode d'affaires sur la couverture des risques.]

[1:03 - 1:07] Warsaw : Et voilà en résumé ce qu'est l'invention. C'est une méthode pour générer des factures garanties pour les consommateurs et aussi protéger les revenus des entreprises d'énergie.

[1:13 - 1:16] [L'aboutissement de cette affaire aura de profondes implications pour le logiciel.]

[1:17 - 1:19] Dan Ravicher (Public Patent Foundation) : L'affaire Bilski elle-même est que, quelqu'un a déposé une demande de brevet

[1:20 - 1:24] sur une méthode d'affaires ou un logiciel et l'office des brevets l'a rejetée.

[1:25 - 1:27] Et maintenant cette personne porte plainte contre l'office des brevets, en disant :

[1:28 - 1:29] « Vous devez m'accorder ce brevet. »

[1:30 - 1:33] Cette affaire concerne la définition de ce qu'est un « procédé » brevetable.

[1:34 - 1:37] Et ainsi, puisque les brevets logiciels font partie de la catégorie des procédés –

[1:38 - 1:40] parce qu'il ne sont pas une machine ou une composition de la matière,

[1:41 - 1:43] qui font partie des autres catégories de choses brevetables —

[1:44 - 1:46] cette affaire va définir ce que cela signifie que d'être un procédé brevetable.

[1:47 - 1:53] [Absurdité patentée des brevets – comment les brevets logiciels ont cassé le système…]

[1:52 - 1:54] Journaliste : Qu'en est-il du juge Roberts, qui dit qu'en gros votre brevet implique

[1:55 - 1:57] des personnes prenant leur téléphone et appelant d'autres personnes ?

[1:57 - 1:58] J. Michael Jakes (Avocat pour Bilski) : On pourrait le réduire à ce niveau,

[1:59 - 2:00] comme à certains actes que l'on doit accomplir,

[2:01 - 2:02] mais c'est bien plus que cela.

[2:03 - 2:05] Le procédé permet de vendre des biens à un prix fixe à une partie donnée,

[2:06 - 2:09] et à une autre partie à un autre prix fixe,

[2:10 - 2:11] d'identifier les positions anti-risques.

[2:12 - 2:13] Si vous regardez la revendication quatre dans le brevet -

[2:14 - 2:17] nous avons des choses appelées « revendications » qui décrivent ce que le brevet est –

[2:18 - 2:19] elle contient une longue formule mathématique –

[2:20 - 2:23] qui n'existait ni dans la nature ni nulle part dans la littérature –

[2:24 - 2:28] que ces gens très inventifs ont trouvée.

[2:28 - 2:29 Ben Klemens – auteur, « Math you can't use » : Autrefois, les mathématiques n'étaient pas brevetables et maintenant elles le sont.

[2:30 - 2:32] Et nous pouvons avoir quelqu'un comme Bernard Bilski qui se pointe en disant :

[2:33 - 2:36] « Oui vous savez, j'ai travaillé dur sur cette équation mathématique,

[2:37 - 2:41] et donc je devrais avoir un brevet sur cette méthode de traitement de l'information-là ».

[2:42 - 2:45] Journaliste : Vous mentionnez dans votre revendication qu'il y a un très long calcul montrant cela.

[2:45 - 2:46] Jakes : En effet…

[2:46 - 2:50] Journaliste : Pensez-vous qu'un calcul poussé ou de bonnes mathématiques puissent être à la base d'un brevet ?

[2:50 - 2:51] Jakes : Cela peut.

[2:51 - 3:02] Ben Klemens : Le processus de base pour écrire un logiciel consiste à ce que vous preniez un vaste algorithme d'une certaine sorte, vous savez, les moyens de faire quelque chose de données abstraites, et ensuite vous appliquez des noms de variables.

[3:02 - 3:21] Ben Klemens : Pour une première dérivation, commençons avec une simple matrice, une matrice de valeurs, et nous trouverons la moyenne de chaque colonne, nommées mu1, mu2, mu3. Et nous trouverons que Y = (X - mu) pour chaque colonne.

[3:21 - 3:32] Maintenant, si nous avons un autre facteur X, nous pouvons prendre X fois S et trouvons la projection de X sur l'espace, c'est ce qu'on appelle la décomposition en valeurs singulières (S.V.D.).

[3:32 - 3:35] À présent, voici l'astuce, le gros morceau.

[3:35 - 3:50] À présent, disons que la première ligne, X1, est égal à « sexualité », X2 est à égal à « possédez-vous des chats ? », X3, je ne sais pas, « affection ».

[3:55 - 4:06] Ok, maintenant nous allons aussi dire que prenons un vecteur J1 égal à Jane, les réponses de « Jane » à ce questionnaire.

[4:06 - 4:10] Disons que J2 égal aux réponses de « Joe ».

[4:10 - 4:13] Maintenant faisons la même projection que nous avons faites avant.

[4:13 - 4:22] Nous allons prendre J1 fois S, moins J2 fois S (J1xS - J2xS),

[4:22 - 4:25] nous allons trouver la distance entre ces deux points,

[4:25 - 4:27] et nous appellerons cela « compatibilité ».

[4:27 - 4:37] Et dans cette simple étape, nous avons dérivé le brevet numéro 6 735 568.

[4:37 - 4:44] L'astuce de notre dérivation est que avant, avec la décomposition en valeurs singulières, nous avions des nombres abstraits.

[4:44 - 4:49] Ce que les gens à eHarmony ont fait pour avoir ce brevet, a été d'assigner des noms à nos variables.

[4:49 - 4:52] Donc au lieu d'avoir un X1 abstrait nous avons « sexualité »,

[4:52 - 4:56] au lieu d'avoir un X2 abstrait nous avons « une préférence pour les chats ».

[4:56 - 5:07] Et en faisant ces assignations, en établissant de simples noms de variable de cette manière, ils ont été capables de prendre un concept abstrait, et d'en faire un appareil brevetable.

[5:07 - 5:46] Ce que nous voulons faire, d'après les dirigeants des institutions des brevets, est de prendre les mathématiques et les découper en autant de tranches que possible, distribuer ces tranches et dire, et bien, si vous faites une analyse en composantes principales, si vous multipliez des matrices pour, euh, des sites de rencontres, et bien ok, nous donnons cela à eHarmony. Si c'est pour les actions, nous les donnerons à State Street. Et ainsi de suite et ainsi de suite. Et euh, ce que nous donnons est essentiellement des droits exclusifs d'utiliser les mathématiques, d'utiliser une loi de la nature, quel que soit le contexte. Et ce que nous obtenons en retour, c'est à peu près rien.

[5:46 - 5:48] « Comment est-on arrivé à ce point ? »

[5:47 - 5:52] Mark Webbink (Centre pour les innovations en matière de brevets) : un brevet est un octroi du gouvernement, et aux États-Unis il provient de la Constitution.

[5:53 - 6:08] Dan Ravicher : les rédacteurs ont inclus une disposition dans notre constitution pour l'octroi de droits exclusifs aux inventeurs. La conviction était que c'était important afin de récompenser les personnes qui avaient fait des progrès technologiques qui pourraient profiter de la société.

[6:09 - 6:12] « Droit des brevets – Federal Hall – 10 avril 1790 : Une loi visant à promouvoir le progrès des arts utiles. »

[6:12 - 6:20] Webbink (New York Law School) : Les droits accordés ne sont pas les droits de faire la chose qu'ils ont inventé, mais le droit d'exclure les autres de faire cette chose.

[6:20 - 6:35] Eben Moglen (Software Freedom Law Center) : Donc, l'idée était, vous avez une machine ou une chose, qui n'est pas décrit précédemment dans toute la littérature, et dont aucun mécanicien expérimenté ne peut en découvrir la fabrication compte tenu de ce qui est décrit dans la littérature, et pour cela vous obtenez un brevet.

[6:35 - 6:45] Webbink : La base pour déterminer ce qui est un objet brevetable a continué d'évoluer au cours des 200 dernières années de notre existence nationale.

[6:46 - 6:56] Moglen : En 1953, le droit les brevets a été modifié par le Congrès afin d'ajouter les mots « ou de procédés » au mot « produit » pour décrire ce qui pourrait être breveté.

[6:58 - 7:04] « Amendement au droit des brevets – Bâtiment du Capitol – 19 juillet 1952 : Avec une « machine », une « fabrication » ou une « composition de la matière », un « procédé » fait partie des objets brevetables prévus par la loi. »

[7:04 - 7:18] Le Congrès qui fit cela pensait clairement à des procédés de fabrication industrielle, procédés qui produisaient quelque chose à l'autre bout. « Faire flotter du verre sur de l'étain en fusion et il deviendra plat » ou quoi que ce soit.

[7:19 - 7:35] Webbink : Et il est peu probable que quiconque ait pensé aux « procédés » à l'époque, en termes de logiciels, parce que nous n'avions pas d'applications logicielles pendant de nombreuses années après la dernière révision du droit des brevets.

[7:37 - 7:47] « Gottschalk contre Benson – Cour suprême – 1972 : La méthode des défendeurs pour la conversion hexadécimale, rien de plus qu'une série de calculs mathématiques ou d'étapes mentales, ne constitue pas un « procédé » brevetable au sens du droit des brevets. »

[7:47 - 7:53] Dan Bricklin (premier tableur) : À la fin des années 70, le droit des brevets a été interprété de telle sorte que vous ne pouviez pas breveter les logiciels. Il était considéré comme un algorithme mathématique ou une loi de la nature.

[7:55 - 8:01] « Parker contre Flook – Court Suprême – 22 juin 1978 : Un algorithme mathématique n'est pas brevetable si son application n'est pas nouvelle. »

[8:01 - 8:10] Dan Bricklin : Le monde juridique a changé. L'environnement a commencé à être assez différent, à partir de certaines décisions de la Cour suprême comme Diamond contre Diehr.

[8:11 - 8:36] Karen Sandler (Software Freedom Law Center) : Le demandeur du brevet arrivait avec une nouvelle méthode pour sécher le caoutchouc. La température et la précision de la température sont essentielles pour sécher le caoutchouc correctement, et l'innovation qui a été brevetée dans ce cas était un algorithme pour surveiller un thermomètre, elle résidait essentiellement dans le procédé et déterminait quand le caoutchouc nécessitait d'être libéré et refroidi.

[8:37 - 8:47] Richard Stallman (Free Software Foundation) : Et ils ont dit que les méthodes pour sécher le caoutchouc étaient brevetables, il n'y a rien de nouveau à ce propos, le fait qu'ils utilisent un ordinateur pour le mettre en œuvre ne devrait rien changer.

[8:48 - 8:55] [Diamond contre Diehr – Cour suprême – 3 mars 1981 : Le fonctionnement d'une machine est brevetable, qu'elle soit contrôlée par un humain ou un ordinateur.]

[8:56 - 9:17] Mishi Choudhary (Software Freedom Law Center) : La cour suprême indique clairement que vous ne pouvez pas breveter un logiciel car il s'agit seulement d'un ensemble d'instructions, ou algorithme, et les lois abstraites de la nature, les algorithmes, ne sont pas brevetables aux États-Unis eux même. Et, cependant, il y a alors eu la création de la cour d'appel pour le circuit fédéral.

[9:17 - 9:52] Moglen : Le problème à résoudre, dans un certain sens, débute par le fait que les juges de première instance ont toujours détesté les affaires de brevet. Et la raison pour laquelle les juges de première instance détestent les affaires de brevet est que, pour un seul juge de première instance – un ou une juriste qui a passé sa vie dans les litiges – une affaire de brevet, dans laquelle on lui demandera de rechercher des faits détaillés sur la façon dont la peinture est faite ou sur le fonctionnement des ordinateurs ou sur la manière dont fonctionne la radio, est une occasion de passer pour un imbécile.

[9:54 - 10:00] [Création aux USA de la Cour d'appel – Circuit fédéral – 2 avril 1882 : Création aux États-Unis de la Cour d'appel pour le circuit fédéral.]

[9:59 - 11:04] Moglen : Le Congrès est en train d'essayer de changer le système dans lequel les affaires de brevets sont jugées. Mais au lieu de changer ceux qui jugent les affaires de brevets, le Congrès a laissé le juge de district non-spécialiste en charge du procès. Et puis créé une nouvelle Cour d'appel appelée le Circuit fédéral, dont le travail a été d'entendre tous les appels concernant les affaires de brevets. Rapidement bien sûr cette cour s'est remplie de juristes des brevets. Et ces juristes des brevets ont ensuite fait la loi à la Cour d'appel, qui s'applique à tous les juges de district, qui prenaient encore des décisions de non-spécialistes dont ils avaient peur. Naturellement, le Circuit fédéral s'est avéré être un lieu qui aimait les brevets, et son juge en chef Rich Giles, qui vécu très, très vieux et mourut presque centenaire, était un homme qui aimait particulièrement les brevets sur tout. La Cour pour le Circuit fédéral sous Gilles Rich a en quelque sorte laissé « Diamond contre Diehr » perdre de son sens originel et est arrivée à la conclusion que le logiciel lui-même pouvait être breveté.

[11:05 -11:09] Choudhary : La Cour suprême a en quelque sorte laissé cette cour décider de tout.

[11:09 - 11:19] Ravicher : L'office des brevets avait effectivement l'habitude de rejeter les brevets logiciels, comme au début des années 90. Il ne les accordait pas, et les requérants faisaient appel de ces rejets auprès du Circuit fédéral.

[11:20 : 11:27] [Affaire Alappat – Circuit fédéral – 29 Juillet 1994 : Installer un logiciel sur un ordinateur produit une « nouvelle machine », qui est brevetable.]

[11:28 - 11:35] [Affaire Lowry – Circuit fédéral – 26 août 1994 : La structure de données du disque dur d'un ordinateur constitue une « machine » qui est admissible à la brevetabilité.]

[11:36 - 11:42] [State Street contre Signature Financial – Circuit fédéral – 23 Juillet 1998 : Un calcul numérique qui produit un « résultat util, concret et tangible », tel qu'un prix, est brevetable.]

[11:43 - 12:18] Moglen : Dans le monde des machines, vous montriez à l'office des brevets LA machine, et vous aviez un office des brevets dont la revendication était « Je revendique cette machine ». Dans le monde des logiciels, il n'y avait pas moyen de définir ce qui constituait l'élément unitaire. Je ne revendique pas un programme, je revendique une technique, que nombre de programmes, qui font nombre de choses, pourraient éventuellement utiliser. En conséquence de quoi, très rapidement, nous avons commencé à développer, comme des biens immobiliers que quelqu'un possède et peut en exclure autrui, nombre des techniques de base en programmation informatique.

[12:19 - 12:40] James Bessen (auteur, « Patent Failure ») : Ce qui s'est passé, à partir du milieu des années 90, est que le nombre de brevets logiciels a commencé à monter en flèche. Et l'attitude de l'industrie a commencé à changer aussi. Donc vous aviez Microsoft, qui à l'origine ne s'occupait pas de brevets logiciels du tout, je suppose qu'ils ont été poursuivis au début des années 90 par Stac, et ont perdu dans un arrêt important contre eux, ils ont commencé à breveter.

[12:41 - 12:48] Webbink : Ils allaient avoir leur propre jeu de brevets, de sorte que si un important détenteur de brevets les menace, ils peuvent riposter.

[12:49 - 13:00] Bessen : Peu à peu, des sociétés comme Oracle ont été contraintes à mettre en place des services de brevets, juste pour des raisons défensives. Ils en arrivaient à devoir faire breveter leurs fatras, afin d'avoir quelque chose à échanger avec les entreprises qui avaient des brevets.

[13:00 : 13:15] Journaliste : Et ainsi l'arsenal commence à se développer. En 2000, 2001, Microsoft détenait désormais des milliers de brevets logiciels. Oracle approchait probablement du millier de brevets logiciels, Adobe…

[13:15 - 13:27] Journaliste : Vous savez, tous sont devenus des breveteurs de plus en plus agressifs et certains de ceux qui étaient contre les brevets logiciels ont fini par porter plainte contre d'autres sociétés. Et ce que vous avez obtenu est une explosion des brevets d'abord, puis une explosion des contentieux.

[13:32 - 13:52] Bessen : À la fin des années 90, environ un quart de tous les brevets accordés étaient des brevets logiciels. Environ un tiers de tous les litiges impliquaient des brevets logiciels. Environ 40% du coût des litiges est attribué aux brevets logiciels. Et ces chiffres sont à la hausse.

[13:52 - 15:28] Bessen : Donc, Charles Freeney inventa un kiosque pour les magasins de détail. Et l'idée est que vous entrez, vous pouvez choisir une sélection musicale, passer votre carte de crédit, mettre une cassette vierge 9 pistes – cela montre à quel point ce brevet était ancien – et il écrivait la sélection de musique sur la bande, et vous pouviez partir avec. Le brevet a été rédigé dans un langage très vague, il y avait des termes comme « point de lieu de vente » et « machine de fabrication de l'information » et Freeny a finalement vendu ce brevet à quelqu'un qui voulait interpréter ces termes de façon très large, pour essentiellement couvrir le e-commerce. Voici donc cette invention très limitée pour ce kiosque, et il a voulu interpréter ces termes de manière si large qu'elle couvrirait les transactions qui ont lieu sur Internet. Et vous pouviez – elles pouvaient être – vous pouviez les faire dans votre bureau, dans votre chambre, dans votre maison, n'importe où. Et ainsi il couvrait la quasi-totalité de l'e-commerce. Les tribunaux, tout d'abord, n'étaient pas d'accord avec cette interprétation, mais ils ont fait appel, et la cour d'appel a été en grande partie d'accord avec eux, et ils ont réussi à soutirer des arrangements de bien plus d'une centaine d'entreprises. Mais ce qui est important c'est, voici ce brevet, vous ne pouvez pas dire où se trouvaient ses limites avant d'aller à la cour d'appel. Ce que la plupart des gens pensait de ses limites s'est avéré être faux.

[15:29 - 16:05] Timothy B. Lee (Université de Princeton) : Une des propriétés essentielles des langages de programmation est qu'ils sont très, très précis. Vous pouvez regarder n'importe quel programme dans n'importe quel langage, C, Python, ou tout autre langage comme ça, et vous savez exactement ce qu'il fait. Vous pouvez regarder deux morceaux de code source, et vous pouvez dire : font-ils la même chose ou des choses différentes ? Et nous faisons cela parce que les ordinateurs sont perfectionnistes et nous devons dire à l'ordinateur exactement ce que nous devons faire pour accomplir certaines tâches. Le brevet – la langue que les avocats des brevets utilisent est presque le contraire. Il y a un avantage à être vague, et à être large, et non spécifique, parce que plus votre langage est large, plus vous allez attraper de choses dans vos filets.

[16:05 - 16:26] Ravicher : Donc, c'est un gros problème dans notre système de brevets, de simplement définir le contexte ou les limites du brevet, et – vous savez, ce qu'il couvre, ce qu'il ne couvre pas. Et cette ambiguïté entraîne beaucoup de paralysies, parce que les gens vont éviter de faire tout ce qui pourrait éventuellement être couvert par le brevet, même si en réalité, le brevet ne couvre pas ce qu'ils veulent faire.

[16.27 - 17:45] RMS: Imaginons que dans les années 1700 les gouvernements d'Europe avaient décidé d'«encourager» le progrès de la musique symphonique (du moins pensaient-ils qu'ils l'encourageraient ainsi) avec un système de brevets sur idée musicale, ce qui signifie que toute personne qui pourrait décrire une nouvelle idée musicale en mots peut obtenir un brevet, ce qui serait un monopole sur cette idée, et ensuite il pourrait poursuivre quiconque mettrait en œuvre cette idée dans un morceau de musique. Ainsi, un motif rythmique peut être breveté ou une séquence d'accords ou un... un ensemble d'instruments à utiliser ensemble ou une idée que vous pourriez décrire en mots. Maintenant, imaginez que c'est 1800 et vous êtes Beethoven et que voulez écrire une symphonie, vous allez trouver qu'il est plus difficile d'écrire une symphonie pour laquelle vous ne serez pas poursuivi en justice, que d'écrire une symphonie qui sonne bien. Parce que pour écrire une symphonie et ne pas être poursuivi, vous allez devoir vous faufiler au travers de milliers de brevets sur idée musicale. Et si vous vous êtes plaint à ce sujet, disant que cela entravait votre créativité, les titulaires de brevets dirait: «Oh, Beethoven, vous êtes juste jaloux parce que nous avons eu ces idées avant vous. Pourquoi devriez-vous voler nos idées?»

[17:46 - 18:10] Ciaran O'Riordan (En terminer avec les brevets logiciels): Les gens ont fait de la musique depuis des milliers d'années, il n'a jamais été nécessaire d'avoir des brevets dans le domaine de la musique. Et depuis que l'industrie de l'informatique a rendu la programmation possible, les gens ont également développé des logiciels. Par exemple, depuis ses débuts, il n'a jamais été nécessaire d'avoir des brevets dans ce domaine, pour que l'activité survienne.

[18:11 - 18:49] Dan Bricklin (premier tableur) : Bien sûr, tout ce que nous faisions, avant 1980-1981, ces choses, les brevets n'y jouaient aucun rôle. Le couper-coller, la règle intégrée dans le traitement de texte, le retour à la ligne automatique - un tas des choses vraiment importantes et que nous tenons pour acquises et qui sont beaucoup, beaucoup plus novatrice à bien des égards que de nombreux brevets que nous avons aujourd'hui. Parce que les brevets peuvent être sur certaines choses très minutieuses, et c'est la façon dont la loi fonctionne. Ces choses sont arrivées, nous avons eu de grands progrès sans brevets.

[18:50 - 19:17] Robert Tiller (Red Hat) : un des scientifiques du monde informatique les plus respectés, Donald Knuth, a dit que si les brevets logiciels avaient été disponibles dans les années 1960 et 70, quand il faisait son travail, il est probable que l'informatique ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui. Il y aurait eu des blocus sur l'innovation qui auraient pu sérieusement empêché les types de solutions techniques que nous tenons pour acquis aujourd'hui.

[19:17 - 19:28] Moglen: La programmeuse écrivant un long programme aurait éventuellement besoin de vérifier si 500 ou un millier de différentes techniques de brevet s'appliquent. Et il n'existe aucun moyen qu'elle puisse réellement le faire.

[19:28 - 19:43] Ravicher: L'office des brevets émet des centaines de brevets logiciels, tout le temps. Chaque mardi, ils délivrent 3500 brevets, dont un grand nombre ont trait aux logiciels. C'est tout simplement impossible d'examiner tous ces brevets chaque semaine, pour vous assurer que vous ne faites pas quelque chose qui pourrait leur porter atteinte.

[19:43 - 20:31] Sandler: Donc, il y a une disposition dans la législation sur les brevets des États-Unis qui, fondamentalement, considère que les contrefacteurs de brevets..., je suppose, impose une responsabilité plus grande s'il est montré qu'ils ont volontairement transgressé. Donc, en gros, l'idée est que si vous aviez connaissance d'un brevet et vous l'avez enfreint, vous devriez avoir une peine plus strictes que si vous ne le connaissiez pas. Mais cela résulte en, cette situation où il y a un effet dissuasif réel à suivre quels brevets ont été déposés, et quelles nouvelles inventions il y a eu à travers le système des brevets. Parce que, si vous lisez tous les brevets, alors - ou s'il y a des preuves que vous avez lu les brevets - alors vous êtes responsable d'une violation délibérée, alors vous saviez sur le brevet et vous l'avez enfreint quand même. Et la pénalité c'est des dommages-intérêts triples.

[20:31 - 20:40] Unidentified voice (?): If a member of the (some words not understood (?)) suggested that software shouldn't (some words not understood (?)). Can you comment on that ?

[20:40 - 20.54] Jakes : Yes, well, I obviously disagree with that, and I don't believe that software should ever be removed. It's one of our great resouces of technical innovation in this country. And to come up with a test that would somehow eliminate software would, I think, be a disaster for the economy.

[20:55 - 20:57] [Would it though ?]

[20:55 - 21:40] James Bessen – author, 'Patent Failure': You know, Mike and I estimate from pharmaceuticals and chemicals, the patents (21:00"over software or anything like that, tender"(?)) 20% tax. You know, so you can think of that – you know, the small developer is developing something – down the road he'll have to pay that tax. Then, you know, every small company I know in software, as long as they have been around a few years and hit the market, somebody is asserting a patent against them. They're running into some potential difficulties. They feel – very frequently feel obligated to get patents themselves for defensive purposes. So all of that activity is a tax. It's something that's not helping them innovate. It's – you know – an unnecessary activity.

[21:41 - 21:43] [Best practical.]

[21:41 - 22:49] Jesse Vincent – Best Practical : The primary thing we do is an issue-tracking system called (21:44 "RTU"(?)) quest tracker. So it's customers' service, help desk, bug tracking, network operations. Everything where you've got a whole bunch of tasks that you need kept track of, and you need to know what happened, what didn't happen, who did it, who didn't do it, when. It's like a kind of to-do list on steroids, designed for a whole organization. Pretty much everything is Open Source or Free software, under one license or another, We will get consulting customers or support customers, who add indemnification language to our standard contract or need us to sign theirs. And it says that – you know : the standard legalese – it's going to say something like : we indemnify (22:28 : some words not understood) and agree to pay their legal fees and sacrifice our first-born if something happens and someone discovers that our software is violating a patent, is violating somebody else's patent. It's very very rarely that we end up signing something that has that kind of language in it, but it eats up a lot of legal fees.

[22:49 - 23:02] Michael Meurer – author, 'Patent Failure': Look at the innovative people in software, in ICT, and ask : "Would they be better off if the patent system was abolished ?" The answer is probably "yes".

[23:03 - 23:37] Bessen : Who's benefiting ? Patent lawyers, number 1; number 2, you have a small number of so-called "trolls" who are benefiting, but it's not clear that even most of them make – are making much money. You see more recently, in the last 4-5 years, companies like intellectual ventures and hedge funds who are acquiring large volumes of these trash patents and using them to extract hundreds of millions of dollars from companies. They benefit, they may be the biggest beneficiaries.

[23:38 - 23:51] Ravicher : You know, there is a lot of bad press in the last few years about the harm that's caused by software patents. And you'd think that's how the political influence on the Patent Office (? 23:45) to get them to slow down their issuing and start rejecting. And that's what resulted in the Bilski case.

[23:52 - 23:59] [In re Bilski – Federal Circuit -October 30, 2008 : Inventions must be tied to a particular machine or transform something. "Useful, concrete and tangible result" of State Street is inadequate.]

[24:00 - 25:13] Ravicher : Well, the biggest first bad press story was the Blackberry patents, where all the Congressional representatives have their Blackberries, and there is a company called NTP that sued the manufacturer of Blackberry, saying that all Blackberries infringed its patent. Well, NTP was this company which is just a 1-person holding company. They didn't make any products or services themselves. And so, this got a lot of attention : it was in the Wall Street Journal, in the Washington Post. And Congress persons were really upset that they lose their Blackberry and they may not be able to communicate efficiently. And so that caused a lot of attention. Then you had all these patents on, like, banking methods and imaging for cheques that those patent holders have been asserting against the banking industry. And the banking industry had a lot of influence on Capitol Hill. So they've been going down there and saying : "Look, these kind of patterns are causing us lots of harm." Then you add into that the whole "patent troll" (24:52 "In the issue of…" (?)) taxes, with small patent holders suing large IT companies, like Google and Microsoft and IBM and Hewlett-Packard. All these companies also have legislative influence. And they've said, you know : "These kinds of patents are causing real harm to our business. They're costing us jobs, an increase in the price of products and services that we offer to our customers, and you need to do something about it.

[25:13 - 25:14] [In re Bilski – Federal Circuit -October 30, 2008 : Inventions must be tied to a particular machine or transform something. "Useful, concrete and tangible result" of State Street is inadequate.]

[25:14 - 54:20] [Bilski v. Kappos – Supreme Court – 2010 : Supreme Court may affirm their previous rejections of software patents, or decline to decide this issue.]

[25:21 - 26:06] Peter Brown – Free Software Foundation : The situation we find ourselves in is that the Lower Court, the Court of Appeal of the Federal Circuit, is essentially a court for patents, for hearing patent cases. And this is the first time that the Supreme Court has taken up that scope of (25:39 "patentability" (?)). And specifically, this test that was implemented by the Lower Court does talk (?) to software patents. And so, there is practically a 20-years history of software patents being granted due to the Lower Court. And so we are hoping that the Supreme Court clear up the mess that the Lower Courts created and restamp (?) its authority, which basically said that you cannot have software patents.

[26:07 - 26:29] Joe Mullin – IP Law & Business Magazine : When you saw the arguments that were brought by Bilski's lawyer – the Patent Board is in some sense an organized lobby, and it expands its subject matter that's available to be patented : it's in their interest. And it's clear that this was frustrating for some of the justices. Some of them were frustrated by how expensive patentable subject matter has become.

[26:29 - 26:34] (Young man with spectacles (?)) I mean they seem rather dismissive of the idea that you could patent this particular idea.

[26:36 - 26:51] Jakes : I think people have a hard time getting over the idea that you can get a patent on hedging commodity risk. But if you actually look at the claims, and look at what's in there, it is a process, and it's no different than any other process. It just may be that it's not the way that they thought of patents in the past.

[26:52 - 27:11] Peter Brown : We're encouraged by the comments by the justices, which showed that they were sceptical, and which suggested that they understood that software is little more than a series of steps that can be written out as mathematical formula or written out on a piece of paper or as – which was mentioned by one of the justices – typed out on a typewriter.

[27:12 - 27:23] Mullin : Software patents, on a general purpose computer, have never been explicitly endorsed by this Court. And this Court has also shown no compunction about reversing rules that have held for a very long time.

[27:23 - 27:29] (off voice or Mullin ctd (?)): They clearly thought that the petitioners here were trying to get a patent on something very basic, some basic forms of human activity.

[27:29 - 27:35] [More than 200'000 software patents have been granted in the U.S.]

[27:36 - 27:41] [Programmers find it increasingly difficult to write software they won't be liable to be sued for.]

[27:42 - 27:46] [Now imagine…]

[27:44 - 27:57] [Beethoven's Vth symphony – from 27:46 with score.]

[27:58 - 28:00] [Patent labels on the score for "crescendo" and "group of 3 eight-notes.]

[28:00 - 28:04] [Beethoven's Vth symphony with score.]

[28:04 - 28:08] [[Patent labels on the score for "Piano dynamics" "Quarter rest" "Quarter note in C3"]

[28:08 - 28:14] [Beethoven's Vth symphony with score.]

[28:14 - 28:34] [[Patent labels on the score for "Sforzando", "Major third", "Tied half-note", "Tremolo", "horn in E-flat"

[28:35 - 28:42] [Credits : Directed, shot and edited by : Luca Lucarini. Produced by Jamie King. Animations : Christopher Allan Webber. Sound mix : Matt Smith.]

[28:43 - 28:48] [Copyright 2010 Luca Lucarini. This film is licensed under a Creative Commons Attribution-No Derivative works 3.0 license (or later version). http://patentabsurdity.com.

[28:49 - 28:54] [Supported by a grant from the Free Software Foundation and made possible by the associate membership of the Free Software Foundation http://www.fsf.org.]